A la recherche des vieux cépages perdus d’Argonne Ardennaise

L’Argonne Ardennaise, connue pour son terroir, ses paysages vallonnés et son enclin à la déconnexion, possède bien d’autres aspects méconnus tels que ses terres historiquement propices à la vigne. Sylvain Chen, vigneron de 29 ans et natif de l’Argonne Ardennaise, s’est donné pour mission de faire revivre le vignoble local, notamment en partant à la recherche de cépages perdus, qui s’étalaient sur plus de 1000 hectares sur l’arrondissement de Vouziers au 19ème siècle. Après s’être formé en Champagne, Lorraine et Jura, Sylvain se lance en 2019 au travers d’une activité d’exploitant et conseiller viticole, ainsi que négociant vinificateur, et espère ainsi inspirer d’autres porteurs de projet et les accompagner.

Sylvain Chen, le vigneron à la recherche de saveurs d’exception

Dans sa cuverie de Boult-aux-Bois, Sylvain Chen exerce actuellement le métier de négociant-vinificateur, achetant principalement du raisin d’Alsace pour ensuite le transformer en vin. Mais cette activité n’est que transitoire, dans l’attente que ses vignes plantées en 2021 produisent un raisin d’excellente qualité professionnelle.

La majorité des vignes d’Argonne Ardennaise a disparu à la fin du 19ème siècle , en grande majorité à la faveur de l’exode rural avec 2000 hectares disparus et de la crise du phylloxera qui a donné le coup de grâce aux derniers hectares. L’un des objectifs de Sylvain consiste à retrouver ces cépages qui étaient utilisés avant ces crises. Pour arriver à ses fins, le vigneron a lancé un appel aux habitants de l’Argonne Ardennaise possédant des vignes dans leurs jardins.

“Vous pouvez signaler un pied de vigne ancien en envoyant à l’adresse [email protected] des photos des grappes ainsi que des feuilles, jeunes et anciennes. Il est très important d’indiquer la date et le lieu de la prise, n’hésitez pas à y ajouter vos remarques (maturité du raisin, sensibilité du feuillage aux maladies…).” explique Sylvain.

Un territoire historiquement viticole

Dans son passé, l’Argonne Ardennaise était reconnue pour ses terres viticoles. La majorité du vignoble était située sur un sous-sol unique en France et extrêmement rare dans le monde : la gaize, une roche sédimentaire d’origine organique comme la craie, mais formée dans un contexte de mer chaude et peu profonde amenant une prolifération d’éponges. La roche est donc siliceuse, acide, très riche en fer, avec des taux de calcaire quasi nuls.

Historiquement, le vignoble produisait toutes sortes de vin, bien que la production de mousseux n’ait jamais été attestée. Un vin en particulier y était très renommé : le vin paillet, un vin de macération courte semblable au clairet de Bordeaux ou encore de Rosé des Riceys.

La politique s’est mêlée favorablement au projet, avec notamment une enveloppe débloquée par l’ANCT pour réaliser une étude de faisabilité d’une filière viticole.

Ce projet a été piloté par l’Argonne Ardennaise qui a mobilisé :

Un bureau d’étude pour réaliser une étude de marché et présenter des modèles financiers et techniques de production viticoles.
La chambre d’agriculture pour effectuer des analyses de sol et caractériser le potentiel viticole de la région.
L’Argonne Ardennaise a également organisé les rendus de cette étude au travers de temps forts, qui, en complémentarité avec des animations pédagogiques assurées par Sylvain Chen, a permis de se faire rencontrer les porteurs de projets qui ont pu se confronter ensemble aux problématiques du travail de vigneron.

À l’issue de cette étude au printemps 2022, 19 porteurs de projet se sont regroupés en une association “Les amis du vignoble de l’Argonne Ardennaise”, qui a d’ores et déjà amené six projets professionnels à obtenir leur autorisation de planter.

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